Interview avec Marc Widmer

4. avril 2017

Marc Widmer, membre de longue date de l’équipe nationale Swiss Duathlon, pratique le duathlon depuis 16 ans. Cet avocat affectionne particulièrement le Powerman de Zofingue, où il a obtenu ses meilleurs résultats, d’abord en catégorie d’âge (1x champion du monde, 3x vice-champion du monde), puis parmi l’élite (8x top 10, dont 1x top 5). Cette année, avec son nouvel entraîneur, il vise à nouveau un classement parmi le top 5.  

Le duathlon, c’est plus que juste de la course à pied, du vélo et une deuxième manche de course à pied. Il s’agit en effet plutôt de conjuguer les deux disciplines sportives afin qu’elles forment un tout. Quels sont les trois conseils que tu pourrais donner afin que les trois parties forment un tout?  

  1. Pour la première manche de course à pied, il est primordial d’avoir les mêmes aptitudes qu’un coureur à pied pur et dur. C’est pourquoi je recommande des entraînements fractionnés identiques à ceux des athlètes.
  2. Pour l’épreuve cycliste, il est important de s’habituer à l’enchaînement. En effet, monter en selle frais et dispos n’a rien à voir avec le cas de figure où les jambes sont gorgées d’acide lactique en raison de l’épreuve précédente. Il est donc recommandé de s’entraîner à enchaîner les épreuves. Un tel entraînement, lors duquel l’intensité figure au premier plan des deux disciplines, pourrait se présenter ainsi: courir 1000 m au seuil anaérobie, puis enchaîner directement 10 min à vélo au même seuil. Répéter le tout 3 à 4 fois.
  3. Des courses combinées de qualité. Après une longue séance de vélo, enchaîner directement avec une séance de course à pied de 30 min max., dont 10 min au rythme de compétition et 20 min à une allure moins soutenue. Plus la compétition approche, plus la durée de l’effort s’allonge.

En te lançant dans le duathlon longue distance, tu as opté pour une discipline chronophage. Comment parviens-tu à concilier ton travail d’avocat avec ton entraînement?  

Depuis cette année, je travaille à mon compte en tant que partenaire au sein du cabinet d’avocats d’affaires Roesle Frick & Partner. Cela me permet de consacrer quatre fois deux semaines à mes camps d'entraînement durant les phases importantes. Avant aussi, je pouvais participer à ces camps d'entraînement, car j’ai toujours choisi des employeurs qui soutenaient mes activités sportives. Sinon, mes journées sont clairement structurées: je m’entraîne une fois le matin et une fois le soir et, pour moi, ces séances sont sacro-saintes! J’optimise ma récupération en m’accordant 8 heures de sommeil et un massage hebdomadaire tout en veillant à une nutrition équilibrée que j’agrémente d’aliments favorisant la récupération, tels que des shakes protéinés ou des acides gras Omega 3 et Omega 6.

Chaque année, le Powerman de Zofingue est ton grand objectif. Qu'est-ce qui fait l'intérêt de cette course à tes yeux? Quels sont, selon toi, les trois points essentiels pour réussir cette compétition?  

Le Powerman de Zofingue est considéré dans le monde entier comme le duathlon le plus dur et le plus important. Depuis les années 1990, il est devenu un véritable mythe et pour la scène multisports, c’est un classique à l’instar de l’Ironman Hawaï ou du Challenge Roth. Le Powerman de Zofingue est le théâtre des championnats du monde de l’International Powerman Association (IPA). Depuis 2011, et sans interruption, il accueille également les championnats du monde de duathlon longue distance de l’Union Internationale de Triathlon (ITU). Me lancer sur un parcours aussi superbe et exigeant lors d’un événement aussi bien organisé, et profiter de l’avantage de «jouer à domicile» est chaque année une très grande motivation. Pour réussir, il faut avoir de l’expérience, un concept nutritionnel personnalisé permettant de rester performant jusqu’au bout ainsi que d’excellentes qualités de cycliste.

Lors d’un duathlon longue distance, le ravitaillement joue un rôle important, voire déterminant. A quoi ressemble ton plan de ravitaillement pour des courses de 6-7 heures?  

J’effectue la première manche de course à pied sans ravitaillement. À vélo, je consomme 1,5 g de glucides/kilo de poids corporel/heure. Pour stimuler la digestion je consomme des aliments solides: chaque heure, je mange une petite pomme de terre ou une barre énergétique. Pendant la deuxième manche de course à pied, je mise sur des gels de glucides. À vélo et pendant la deuxième manche de course à pied, j’ai également recours à du magnésium liquide que j’ajoute dans mon bidon, et à des gélules contenant des acides gras Omega 3 et 6 que je prends dès que je ressens des douleurs musculaires.

 

 

 

Foto: ZVG