Interview avec Nicole Koller

24. juin 2024

La Zurichoise de 27 ans a remporté, pour sa première participation, le «Tour de France du VTT» avec sa partenaire Anne Terpstra. Ce légendaire événement de cyclisme en Afrique du Sud se dispute en équipe de deux. Les deux coéquipières ont remporté le prologue ainsi que les sept étapes! 

Elles rejoignent un groupe exclusif: rares sont ceux qui peuvent se vanter d'avoir triomphé au Cape Epic. Peux-tu partager avec nous ton ressenti et tes émotions vus de l’intérieur?

Oui, il s'agit d'une expérience et d'un succès dont je suis très fière et que je n'oublierai certainement jamais. Nous étions la plus petite équipe, avec un staff de seulement trois personnes sur place, mais tous y ont mis du cœur et se sont donnés à 150% chaque jour. Cette victoire est d'autant plus belle, car c'est également leurs efforts qu'elle récompense.Pour être honnête, je n'aurais jamais pensé que gagner pouvait être aussi épuisant, mentalement. Cela peut paraître bête, mais pendant 32 heures, sur huit jours, l'équipe ne pensait qu'en termes de trails, de concurrence, de tactique, de ravitaillement, etc. Au final, on gagne une étape et on se réjouit énormément de ce succès, mais le cerveau tourne déjà sur l'étape du lendemain. Nous avons malgré tout essayé de «profiter» de ces journées. Il y avait de très belles étapes et l'organisation a fait un travail grandiose pour nous offrir une course idéale. Mais je crois que je n'ai toujours pas vraiment réalisé, même après presque trois mois.

 

 

 

Tu ne te contente pas seulement d’être une vététiste accomplie, tu as aussi été championne suisse de cyclo-cross et double championne du monde de relais mixte sur route. Peux-tu nous donner un aperçu de ta routine d’entraînement? 

En fait, j'étais (et je suis) toujours très pluridisciplinaire. C'était encore plus vrai avant, mais j'ai remarqué qu'une pause sans course en hiver me faisait beaucoup de bien.

J'ai aussi changé d'entraîneur cette saison. Cela a bien sûr changé pas mal de choses et a apporté un grand bol d'air frais dans mon régime d'entraînement. Je m'entraîne maintenant tous les jours, mais je ne fais plus deux séances de vélo le même jour, par exemple. Mes journées se suivent et se ressemblent... Je commence mon entraînement de vélo le matin entre 9h30 et 10h30. Il se compose de différentes unités (easy, Vo2max ou exercices de musculation) et la durée varie de deux à quatre heures. Ensuite, je nettoie mon vélo, et ce n'est pas ma tâche préférée. Viennent ensuite le déjeuner et une courte sieste. Les après-midi, je suis libre de faire d'autres choses, parfois un entraînement du tronc, parfois passer du temps avec ma famille et mes amis. Je choisis moi-même le vélo que j'utilise pour mes séances. Généralement, j'ai tendance à faire des entraînements clés (fractionnés) sur mon VTT et des séances plus longues et plus tranquilles sur route. L'important, c'est de varier les plaisirs.

Plus on réussit, plus la pression et les attentes se font ressentir. Comment gères-tu cela? Quels conseils peux-tu éventuellement donner aux sportifs amateurs qui doivent eux aussi gérer leur nervosité avant une course?Oui, avec le succès viennent bien sûr les attentes. J’y suis fréquemment confrontée sous différentes formes et ce n'est pas toujours facile pour moi de gérer. Une chose est sûre: généralement, la plus grosse pression vient de moi-même, j'ai des attentes très élevées. Cela m'aide beaucoup de me rappeler où j'ai commencé et de voir quels progrès, quelles améliorations et quelles crises j'ai déjà dépassé. De me baser sur des faits concrets et me présenter sur la ligne de départ forte de ces certitudes. Tout donner, c'est dans ma nature, et ma nervosité n'est qu'un signe de l'importance que j'accorde à tout cela. Je pense que cela fait partie du jeu. Bien sûr, j'ai des petits rituels, comme la méditation le matin de la course ou la bonne musique pendant l'échauffement. Au final, il n'y a probablement pas de formule magique. Il faut simplement essayer et trouver ce qui nous convient.

 

 

 

Quelles sont, d’après toi, les trois clés principales de la réussite?

  1. Amusement et joie — «a happy rider is a fast rider»
  2. Ambition et persévérance
  3. Confiance

As-tu un secret à nous dévoiler en matière d’entraînement, de matériel, d’alimentation ou de récupération?

Je vais vous dire quelque chose qui s'applique probablement à tous les domaines: il faut tout aborder avec une certaine décontraction et ne pas se perdre dans les détails.

Il faut aussi se laisser accompagner et aider par des experts, créer un bon environnement et constituer une équipe qui nous soutient.

Fotos: zVg