Interview avec Nino Schurter
Nino Schurter a atteint tous les objectifs dont rêvent les sportifs dans le domaine du VTT. L’année dernière, à l’automne de sa carrière, il a été sacré champion du monde pour la dixième fois.
L’année passée a porté son lot de hauts et de bas. Peux-tu nous donner un aperçu de ce que tu as ressenti?
C’est vrai, la saison dernière a été très mouvementée! Elle a commencé avec le Cape Epic qui ne s’est pas du tout passé comme je l’espérais. Deux semaines plus tard, la Coupe du monde au Brésil s’est parfaitement déroulée et j’ai obtenu une nouvelle victoire en Coupe du monde. Ensuite, la saison a continué avec des hauts et des bas. Par exemple, il y a eu la course à domicile à Lenzerheide qui ne s’est pas passée comme prévu, ou encore ma mauvaise chute à Snowshoe. Malgré tout, j’ai réussi à décrocher la Coupe du monde au classement général et à terminer la saison en beauté avec ma victoire aux championnats du monde et donc mon 10e titre de champion du monde. Rétrospectivement, je considère la saison 2022 comme une belle réussite.
Depuis ton premier titre de champion du monde en 2009, l’univers du VTT s’est beaucoup développé. Comment les exigences concernant l’athlète et son matériel ont-elles évolué?
Depuis mon premier titre de champion du monde en 2009, c'est surtout le matériel qui a changé. À l’époque, j’avais un VTT semi-rigide en 26 pouces avec des pneus très fins et un faible nombre de vitesses. Le changement le plus notable est le passage à des roues de 29 pouces. Et de nos jours, ce sont presque exclusivement des VTT tout suspendus qui sont utilisés en Coupe du monde. Les VTT actuels ont aussi une tige de selle télescopique avec des jantes et des pneus plus larges. Cela améliore le confort et l’accroche et diminue la résistance au roulement. J’adore vivre ces développements et ces changements et même y participer activement.
Quelles sont, d’après toi, les piliers principaux de ton succès professionnel?
Tout d’abord, j’ai pu rencontrer les bonnes personnes dès le début de ma carrière. J’ai rejoint une super équipe dès le départ, la SCOTT-SRAM MTB Racing Team, qui me suit encore aujourd’hui. Avec Thomas Frischknecht, Andi Seeli, mon entraîneur et bien d’autres, j’avais des personnes clés à mes côtés et elles m’accompagnent encore aujourd’hui dans ma carrière. Je peux affirmer avec certitude que c’est notamment cette stabilité qui a été un pilier important pour une carrière longue et réussie. Toute ma famille, avec mes parents, ma fille Lisa et ma femme, tout comme mon entourage proche qui m’a toujours soutenu, a aussi été d’une extrême importance.
Quels sont les trois principaux conseils d’entraînement que tu pourrais donner aux vététistes amateurs qui souhaitent participer à une course cette année?
Pour moi, le plus important est de s’amuser. La priorité pour chaque vététiste devrait être de trouver du plaisir dans son sport. Il n’est pas obligatoire de toujours s’entraîner selon un programme strict. L’important est de ne pas oublier pourquoi on est là: pour le plaisir de rouler avec d’autres passionnés et passionnées, pour se motiver et se challenger mutuellement. Le succès, ou simplement l’objectif que l’on s’est fixé, n’en seront que plus atteignables.
As-tu un secret à nous dévoiler en matière d'entraînement, de matériel, d'alimentation ou de récupération?
Il existe des milliers d’astuces sur la théorie de l'entraînement, la nutrition, la récupération et bien d’autres aspects de l’entraînement. Mais pour moi, la priorité est sans aucun doute d’apprécier la pratique de son sport. Bien sûr, il y a des astuces que tous les mordus de VTT peuvent utiliser.
Par exemple, l’entraînement fractionné est très efficace, surtout si vous avez peu de temps pour vous préparer ou si vous voulez vraiment repousser vos limites. En termes de matériel, je conseillerais d’éviter de rouler avec des pneus trop gonflés. En les dégonflant un peu, vous aurez plus d’accroche et de confort et moins de résistance au roulement. J’essaye toujours de rouler avec la pression la plus basse possible. Sinon, il peut aussi être décisif d'avoir bien planifié son alimentation avant une compétition. En fonction du type d’événement, vous avez tout intérêt à faire le plein d’énergie avant la course, surtout sous forme de glucides, et à veiller à ingérer les bons nutriments pendant la course. Votre alimentation, bonne ou mauvaise, peut vraiment faire une différence positive ou négative pendant une course.
Enfin, la récupération dépend de nombreux facteurs. Mais dans ce domaine, la meilleure option est celle qui garantit le meilleur résultat. La liste des méthodes efficaces de récupération est longue, des bains glacés aux bottes de compression, en passant par les massages. Pendant les phases d’entraînement intenses, les efforts sont dosés de manière stratégique, donc ce n’est pas la peine d’y inclure systématiquement toutes les méthodes de récupération. Après les séances d’entraînement intenses, le plus important pour moi (et ce que je recommande à tous les vététistes amateurs) est de bien dormir, de bien s’alimenter et de laisser réagir son corps aux stimuli qu’il a subis.
Bien sûr, pour les courses en plusieurs étapes comme la Swiss Epic ou la Cape Epic, la stratégie idéale n’est pas la même: la récupération y joue un rôle extrêmement important, donc tous les moyens sont employés pendant les pauses relativement rares et courtes qu’elles offrent pour garantir la meilleure récupération possible.
ÖKK Bike REVOLUTION
Nino Schurter s’engage depuis 2022 au sein de la nouvelle série de courses VTT «ÖKK BIKE REVOLUTION». Celle-ci propose des randonnées à VTT, une série d’événements pour les pros, les jeunes talents et les amateurs ainsi qu’un Bike Village pour petits et grands. Un festival de vélo pour toutes et tous!
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Foto: zvg
Nous remercions Nino Schurter pour ses réponses intéressantes.
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