Interview avec Morgan Le Guen
Ce n'est qu'il y a cinq ans que Morgan Le Guen a été inspiré par le film "Free to Run" de Pierre Morath pour courir. Depuis, il semble n'y avoir pratiquement aucune limite pour le Genevois. Au début de l'année, il a terminé les 10 km de Valence en 28:26, se hissant ainsi à la troisième place de l'éternel palmarès suisse. Seuls Julien Wanders et Markus Ryffel ont couru cette distance plus rapidement.
Vous avez commencé la course à pied relativement tard. Quels sont à vos yeux les trois principaux éléments qui ont contribué à votre ascension fulgurante ?
Je ne vois pas mes débuts tardifs dans la course à pied comme un handicap dans le sens où j'ai sûrement plus de fraîcheur psychologique que des coureurs qui baignent dans la compétition depuis leur enfance. Ajouté à cela, d'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours pratiqué une activité physique et cela a participé à développer une belle capacité aérobique. Enfin mon mental est la clef de voute de ma réussite, je suis capable de m'infliger des gros volumes d'entraînement et aussi, d'aller très loin dans la douleur...
Avec Abraham Tadesse, Sullivan Brunet et Julien Wanders, Genève compte de nombreux coureurs de fond de haut niveau. Vous vous entraînez ensemble ? Et à quoi ressemble une semaine d'entraînement typique chez vous ?
Avec Tadesse, Sullivan et Zouhair (Oumoussa) nous avons monté un petit groupe d'entraînement pendant le confinement dans le but de faire des belles séances qui pourraient chacun nous faire progresser et ce, dans le respect des règles sanitaires. Le niveau était dingue, on faisait chaque week-end des semi-marathons en 66-64 minutes dans des semaines à plus de 150 km. Quant à Julien, je me sus entraîné 3 semaines avec lui au Kenya et de manière épisodique à Genève.
Aujourd'hui ma semaine type correspond à environ 160-150 km de volume répartis en 12 séances avec un jour de quasi repos le dimanche. Cela induit un entraînement biquotidien incluant chaque jour une endurance ou une séance qualitative (en alternance un jour sur deux) et un footing de récupération; ainsi qu'un long run les week-ends. A côté de cela je fais environ 150-100 km par semaine en vélo, en aisance la plupart du temps, ce qui me permet d'avoir une très bonne base foncière.
Quels sont vos 3 conseils d'entraînement les plus importants pour les coureurs amateurs, afin que 2022 soit un succès ?
Premièrement, je dirais de toujours appliquer le slogan 'make it fun'. La course à pied est un sport exigeant et difficile lorsque l'on décide de la pratiquer en compétition. Il est indispensable d'en retirer du plaisir sans quoi il n'y a aucune progression et une routine négative peut s'installer.
Deuxièmement, la préparation mentale est primordiale en amont de la préparation physique. Il s'agit de la base de la pyramide sans quoi le reste ne peut s'accomplir. Elle vise à créer un climat de confiance autour de l'athlète, ce qui va conditionner sa capacité à performer.
Enfin, mon coach a coutume de dire "c'est le plan qui s'adapte à l'athlète et non l'inverse" et ma (modeste) expérience m'a montré que en effet, nous sommes "nous-même" notre meilleur coach. Il faut donc absolument savoir s'écouter et lever le pied (ou appuyer sur l'accélérateur) en fonction des sensations. Bien sûr un entraîneur est indispensable pour dicter la ligne directrice.
Pouvez-vous nous décrire votre entraînement préféré d'une part et l'entraînement pour lequel vous avez le plus grand respect d'autre part ?
J'aime beaucoup les séances sur piste à plusieurs ou chacun va prendre une répétition (par exemple un 400 m sur une séance de 25x400). L'effet de groupe est grisant et ainsi on peut achever des séances que l'on croyait impossibles.
Ayant plutôt le profil d'un marathonien, les séances spécifiques des coureurs de 800 m/1500 m m'impressionnent. C'est un effort que je redoute et il faut avoir été élevé au lactique pour l'apprécier !
Y a-t-il une astuce secrète que tu aimes utiliser et que tu peux nous dévoiler ?
Il n'y a pas vraiment de secret, il s'agit surtout de travail et détermination... Mais j'essaye de profiter de chaque run même quand je suis fatigué ou moins motivé, d'avoir une hygiène de vie irréprochable et d'optimiser au maximum la récupération malgré un travail à plein temps. C'est-à-dire une alimentation végétarienne, une bonne hydratation, un bon sommeil, ainsi qu'une séance de massage et de cryothérapie chaque semaine.
Enfin, je conseille à chaque athlète de s'entourer de personnes bienveillantes et compétentes qui lui apporteront des ondes positives et te tireront vers le haut ! Je n'en serai pas ou j'en suis aujourd'hui sans ma famille, ma copine, mon coach, ou mon préparateur mentale.
Foto: zvg
Nous remercions Morgan Le Guen pour ses réponses passionnantes.
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